Liebe Grüne,
Chères Vertes, Chers Verts,
Care Verde, Cari Verdi,

Im Namen der Grünen Schweiz bedanke ich mich bei den Grünen Basel-Stadt für ihren herzlichen Empfang. Ich freue mich, hier in Riehen zu stehen, um mit euch über die Medien(politik) zu sprechen. So nahe von der Beyeler-Stiftung und Les Nénuphars de Monet können wir nicht anders als uns inspiriert über Kultur und Information auszutauschen.

A la fin du siècle, l’Asie du Sud pourrait ne plus être habitable, si l’accord de Paris sur le climat n’était pas mis en œuvre avec ambition. On parle de vagues de chaleur mortelles qui pourraient se produire d’ici quelques décennies dans des régions d’Inde, du Pakistan et du Bangladesch. En Europe, cinquante fois plus de personnes qu’aujourd’hui pourraient mourir chaque année en raison des vagues de chaleur, au même horizon de temps. Voilà pour les images du futur dépeintes par différentes études. Mais qu’en est-il de la situation actuelle ? Le dérèglement climatique, induit par l’activité humaine depuis la révolution industrielle, fait des dégâts : inondations et sècheresses mortelles sur le continent africain, pluies et chaleurs en Inde, pour ne citer que cela. Conséquence : des impacts directs sur l’approvisionnement en eau et sur l’agriculture ainsi qu’un renchérissement des matières premières. Bref, des individus de par le monde qui voit leur nourriture et leur logement menacés.

Mais alors, que fait-on là à papoter ? Il n’y a pas de temps à perdre. Décrétons immédiatement l’état d’urgence planétaire et sauvons la Terre, notre bien commun.

La transition doit s’accélérer. Dans une semaine entrera en vigueur dans notre pays l’accord de Paris sur le climat, ce qui représente un pas essentiel. Un pas de plus après l’adoption de la stratégie énergétique 2050, grâce à notre initiative pour la sortie du nucléaire.

Ces défis nous placent face à notre responsabilité collective mondiale.

La réponse ? La solidarité. Une solidarité dans le temps, avec les générations futures, mais aussi une solidarité dans l’espace, pour que l’ensemble de l’humanité dispose de suffisamment de ressources pour vivre décemment. Les pays les plus vulnérables au dérèglement climatique se situent sur le continent africain et en Asie. Des pays qui sont soumis à des épisodes impliquant d’ores et déjà des mouvements de population importants. On le voit aux Etats-Unis, on le voit en Suisse : le climatoscepticisme relève du même mouvement que les inégalités mondiales. Plutôt que d’abandonner le reste de l’humanité, les plus riches doivent abandonner leurs privilèges. Et c’est à nous, ensemble et à tous les niveaux, d’inscrire l’impératif climatique au cœur de nos existences en nous engageant pour une meilleure répartition, une meilleure utilisation des ressources et des richesses. C’est ce mouvement-là, de solidarité dans l’espace et dans le temps, qui a porté les Verts à des victoires électorales dans plusieurs pays d’Europe ; en Finlande, aux Pays-Bas ou en Allemagne. Et même en Suisse. Depuis les dernières élections fédérales, nous sommes le parti qui a le plus progressé dans les cantons et qui enregistre la plus grande évolution en termes d’intention de vote au niveau fédéral, selon une récente étude.

Auch in der Schweiz sieht man die Auswirkungen des Klimawandels. Diesen Sommer wurde der Kanton Graubünden stark durch Bergstürze und Murgänge getroffen. Eine Entwicklung, die betroffen macht. Seit 1850 stieg die Jahresdurchschnittstemperatur in der Schweiz um 1,8 Grad Celsius – rund doppelt so viel wie die 0,85 Grad im globalen Mittel. Natürlich weiss ich das aus einer Studie. Aber ich habe es auch erlebt, als ich im Wallis wandern ging. Die Gletscher schmelzen und es gibt weniger Schnee. Geniesst ihr es auch, ins Goms zu gehen, um Langlauf-Ski zu fahren? Wenn ja, habt ihr sicher gemerkt, dass der Schnee manchmal künstlich ist. Darum ist im Projekt «Sion 2026» schon vorgesehen, dass neue Schneekanonen in Ulrichen gebaut werden. Ah, die Schneekanonen! Eine Erfindung, die nicht nur Abbild der Absurdität unserer Konsumgesellschaft ist, sondern auch Energie und Wasser verschleisst.

Alors que le réchauffement climatique transforme déjà nos montagnes, que la neige boude, certains projettent des Jeux olympiques d’hiver en 2026 en Suisse. Autant dire que l’on remet à plus de dix ans la nécessaire réorientation du tourisme vers la valorisation des paysages et de la biodiversité. On remet ainsi à plus tard la préservation des paysages et de la biodiversité et on continue d’investir dans le sport d’hiver, dont la matière première – la neige – se réduit comme peau de chagrin.

Panem et circenses, du pain et des jeux, nous dit le Conseil fédéral. Nous ne sommes pas dupes ! Au moment où l’on procède à des économies dans la formation, dans la coopération au développement ou dans le social, au moment où le Valais aligne les économies dans l’éduction ou les subsides d’assurance maladie, on voudrait nous faire croire que claquer un milliard de francs fédéraux pour des JO serait le meilleur investissement pour les années à venir. Le Conseil fédéral a même réussi l’exploit d’annoncer au cours de la même séance qu’il posait un milliard sur la table, pour deux semaines de jeux olympiques, et que la Suisse ne pouvait pas s’offrir un congé paternité, qui serait « trop cher ». L’argument qui l’a convaincu à choisir les Jeux ? Celui de la cohésion !

Pour garantir la cohésion, l’égalité doit devenir une réalité, au travail comme dans les familles. Un congé paternité y apporte une véritable contribution, mais le Conseil fédéral préfère investir dans deux semaines de gigantisme. L’inscription dans la Constitution, notre texte fondamental, de l’égalité entre hommes et femmes est plus vieille que moi. Dans les foyers, dans la sphère privée, le partage des tâches est loin d’être une réalité. La faute notamment à nos lois, qui continuent de nier le rôle du père à la naissance d’un enfant. Cela fait vingt ans que les Verts s’engagent au parlement pour l’introduction d’un congé paternité. Nous continuerons de le faire avec conviction, en défendant le premier pas que représente l’initiative populaire que le Conseil fédéral vient de mépriser, trop occuper à jeter des billets dans la flamme olympique.

Mais à ce propos, qu’avez-vous vu, qu’avez-vous lu, qu’avez-vous entendu de tous ces épisodes de l’actualité suisse et internationale dont je viens de parler ? Un article du 24 Heures, du Blick ou une émission de la SFR ? Entre le fait en soi et le public, il y a le média. Ce qui donne aux journaux et autres radios et télévisions un pouvoir de taille. Celui du récit, de la transmission. Pour qu’une démocratie soit en bonne santé, l’accès à une information diversifiée et indépendante est essentiel.

Mais alors le diagnostic vital de notre démocratie suisse est malheureusement engagé. Schon am Dienstag wurde öffentlich, dass die Blocher-Presse stärker werden könnte. Nach dem Kauf vieler Titel im Sommer arbeiten die Südostschweiz und die Basler Zeitung an einer Kooperation. Das heisst Stellenabbau und ist ein Verlust an vielfältiger Information. Ich glaube, hier in Basel ist allen klar, was diese Entwicklung bedeutet. Die Berlusconisierung der Medien schadet der Schweiz und unserer Demokratie. Pendant ce temps, Tamedia met en œuvre sa grande réorganisation, faisait de la Tribune de Genève un journal de province, rapprochant le 20 Minutes et le Matin et limitant toujours plus la diversité de l’information. Le service public s’érige comme un rempart à l’uniformisation, en garantissant une pluralité d’opinions et la représentation de l’ensemble des acteurs, et ceci dans toutes les régions du pays, même les plus petites. Un ciment nécessaire entre ces différentes facettes de notre Suisse. Nous sommes confrontés à un défi de taille : les citoyennes et citoyens sont appelés aux urnes plusieurs fois par an mais l’information qui participe à la formation de l’opinion s’amenuise, se concentre, s’uniformise. C’est dans ce contexte que les rompus au libre marché et à l’autorégulation proposent de supprimer la redevance radio et télévision, soit de faire une croix sur la rts, sur srf, mais aussi sur bon nombre de télévisions locales.

L’information est un bien culturel précieux, elle permet le débat, la prise de conscience, l’engagement. Elle se transforme en chien de garde face aux dérives ou aux abus. Elle est là pour garantir la remise en question critique du pouvoir en place. Et non, les réseaux sociaux et leurs bulles ne sauront jamais remplacer les médias, sans quoi ils risquent de remplacer notre démocratie par un régime qui ne promet rien de bon. L’information est un bien culturel particulier, ne la livrons pas en pâture au libre marché, ne la livrons pas en pâture au plus fort. Les Verts s’engagent pour une politique garantissant la pluralité et l’indépendance de la presse, ainsi que pour un service public qui a les moyens de ses ambitions : l’information.

Liebe Grüne, ich wünsche euch einen sehr spannenden Tag und eine interessante Debatte.

Präsidialrede (PDF)